Jackson Pollock
Blue (Moby Dick)
gouache et encre
1943
Blue (Moby Dick)
gouache et encre
1943
There are certain queer times and occasions in this strange mixed affair we call life when a man takes this whole universe for a vast practical joke, though the wit thereof he but dimly discerns, and more than suspects that the joke is at nobody's expense but his own. However, nothing dispirits, and nothing seems worth while disputing. He bolts down all events, all creeds, and beliefs, and persuasions, all hard things visible and invisible, never mind how knobby; as an ostrich of potent digestion gobbles down bullets and gun flints. And as for small difficulties and worryings, prospects of sudden disaster, peril of life and limb; all these, and death itself, seem to him only sly, good-natured hits, and jolly punches in the side bestowed by the unseen and unaccountable old joker. That odd sort of wayward mood I am speaking of, comes over a man only in some time of extreme tribulation; it comes in the very midst of his earnestness, so that what just before might have seemed to him a thing most momentous, now seems but a part of the general joke. There is nothing like the perils of whaling to breed this free and easy sort of genial, desperado philosophy; and with it I now regarded this whole voyage of the Pequod, and the great White Whale its object.
(...)
I felt all the easier; a stone was rolled away from my heart. Besides, all the days I should now live would be as good as the days that Lazarus lived after his resurrection; a supplementary clean gain of so many months or weeks as the case may be. I survived myself; my death and burial were locked up in my chest. I looked round me tranquilly and contentedly, like a quiet ghost with a clean conscience sitting inside the bars of a snug family vault.
Now then, thought I, unconsciously rolling up the sleeves of my frock, here goes for a cool, collected dive at death and destruction, and the devil fetch the hindmost.
La Hyène - Moby Dick
Il est des moments et des circonstances dans cette affaire étrange et trouble que nous appelons la vie où l’univers apparaît à l’homme comme une farce monstrueuse dont il ne devinerait que confusément l’esprit tout en ayant la forte présomption que la plaisanterie se fait à ses dépens et à ceux de nul autre. Pourtant, rien ne l’abat, comme rien ne lui paraît valoir la peine de combattre. Il avale tous les événements, tous les credo, toutes les croyances, toutes les opinions, toutes les choses visibles et invisibles les plus indigestes, si coriaces soient-elles comme l’autruche à la puissante digestion engloutit les balles et les pierres à fusil. Car les petites difficultés et les soucis, les présages d’un proche désastre ne lui semblent que des traits sarcastiques décrochés par la bonne humeur, des bourrades joviales dans les côtes expédiées par un farceur invisible et énigmatique. Cette humeur insolite et fantasque ne s’empare d’un homme qu’au paroxysme de l’épreuve ; ce qui, l’instant d’avant, dans sa ferveur lui apparaissait si grave, ne lui semble plus qu’une scène de la farce universelle. Rien de tel que les dangers de la chasse à la baleine pour développer cette libre et insouciante cordialité, cette philosophie désespérée ! C’est sous ce jour que désormais, je vis la croisière du Péquod et son but : la grande Baleine blanche.
(...)
je me sentis bien aise, cela m’avait enlevé un poids du cœur. D’autre part, tous les jours à venir auraient la saveur de ceux que vécut Lazare après sa résurrection, un bénéfice net de tant de mois ou de semaines suivant le cas. Je me survivais. Ma mort et mes funérailles étaient enfermées à clef dans mon coffre. Je jetais autour de moi un regard paisible et satisfait, tel un calme fantôme à la conscience limpide, douillettement installé dans un caveau de famille.
Et maintenant, me disais-je, en remontant inconsciemment mes manches, en avant pour un plongeon glacé et de sang-froid dans la mort et la destruction. Chacun pour soi et Dieu pour tous.
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